Une chatte et sa descendance peuvent donner naissance à près de 10 000 chatons en 7 ans. Face à une population estimée à 11 millions de chats errants en France, la stérilisation, l’identification et l’action publique deviennent des leviers incontournables.
Un constat alarmant : l’ampleur de l’errance féline
En France, selon l’association One Voice, on dénombre environ 11 millions de chats errants dispersés sur tout le territoire.
Ce phénomène résulte principalement d’abandons d’animaux non stérilisés ou de portées non désirées de chats appartenant à des foyers.
Une chatte non stérilisée peut — avec sa descendance — engendrer jusqu’à 10 000 chatons en 7 ans, selon les estimations souvent relayées par les associations.
Les conséquences sont lourdes : souffrance animale (faim, maladies, accidents), saturation des refuges, pression sur la biodiversité locale (prédation d’oiseaux, déséquilibres écologiques), et tensions sanitaires ou de voisinage.
À lire aussi: De la rue à la chaleur d’un foyer : l’histoire bouleversante d’un chat errant
Qu’est‑ce qu’un chat « errant » dans la loi française ?
Définition et statut légal
- Le code rural prévoit qu’un maire peut, par arrêté, faire capturer, stériliser et identifier des chats non identifiés ou sans propriétaires vivant en groupe, avant de les relâcher dans leur lieu d’origine.
- L’identification doit être faite au nom de la commune ou de l’association responsable.
- Toutefois, la stérilisation des chats errants n’est pas obligatoire pour les communes : ce dispositif reste à l’appréciation locale, ce qui crée de fortes disparités territoriales.
Ainsi, la loi autorise mais ne contraint pas les communes à mener des campagnes de stérilisation.
Les leviers pour agir : stérilisation, identification, soutien public
Stérilisation : l’arme principale contre la prolifération
Pour les chats domestiques comme pour les chats errants, la stérilisation précoce est un moyen efficace pour limiter la reproduction incontrôlée.
Le gouvernement a prévu une dotation exceptionnelle de 3 millions d’euros dans le budget 2024 pour aider les collectivités à financer la stérilisation des chats errants et les actes d’identification.
De plus, la loi n° 2021‑1539 (loi contre la maltraitance animale) prévoit un cadre expérimental permettant aux communes volontaires de formaliser des conventions avec l’État pour la gestion des chats errants.
Mais cette enveloppe n’est pas pérenne et les associations dénoncent le manque constant de moyens pour faire face à l’ampleur du phénomène.
Identifier, pour responsabiliser
L’identification (puce électronique ou tatouage) est obligatoire pour les carnivores domestiques en France.
Elle permet de retrouver le détenteur si l’animal est capturé, de tracer les interventions vétérinaires et d’assurer un lien légal entre l’animal et une personne ou une entité.
Dans le cas des chats errants, une fois stérilisés et identifiés au nom d’une commune ou d’une association, on parle de chats “libres”, qui bénéficient d’un statut protégé.
Rôle des associations et appui des collectivités
Sur le terrain, ce sont souvent les associations de protection animale qui prennent l’initiative : capturer les chats, les faire stériliser, puis les relâcher ou les héberger.
Mais elles sont confrontées à des difficultés : moyens limités, manque de personnel, coûts vétérinaires élevés.
Certaines associations comme la SPA, One Voice ou L’École du chat soulignent que sans un soutien constant de l’État et des collectivités, la lutte reste largement insuffisante.
Réguler le commerce animal
One Voice propose aussi un encadrement plus strict du commerce des chats, considérant que la “marchandisation” contribue aux abandons impulsifs et à l’engorgement des populations errantes.
Mesures pratiques pour les citoyens et les communes
- Ne pas nourrir de façon anarchique les chats errants (sauf en cas de dispositif officiel), car cela peut favoriser les regroupements incontrôlés et poser des problèmes sanitaires ou de salubrité.
- Signaler les colonies de chats à la mairie ou aux associations locales, pour qu’un plan de capture / stérilisation soit mis en place.
- Participer ou mobiliser des initiatives locales (campagnes de stérilisation subventionnées, partenariats mairie‑associations).
- Informer et sensibiliser autour de vous : propriétaires de chats, voisins, municipalités — la compréhension collective du problème est essentielle.
En résumé : une lutte collective mais urgente
La France fait face à un défi majeur avec plusieurs millions de chats errants.
L’ampleur du problème exige une action combinée : stérilisation, identification, financement public, implication associative et volonté politique locale.
Sans réponse structurée et durable, le cycle de la prolifération féline, des abandons et des souffrances animales continuera de s’amplifier.