Encore taboue, la fin de vie des chiens et chats suscite pourtant une profonde détresse chez leurs propriétaires. Certains vétérinaires s’engagent pour accompagner ce moment avec respect, douceur et dignité.

Plus d’un foyer français sur deux vit avec un animal de compagnie. Pourtant, le sujet de la fin de vie reste peu abordé, mal encadré, souvent expédié. Face à ce constat, une nouvelle approche se développe : l’accompagnement personnalisé des chiens et chats en fin de vie. Objectif : offrir à l’animal un départ digne, et à l’humain, un deuil plus supportable.
Quand la clinique ne suffit plus
De plus en plus de vétérinaires, comme Yessenia Alves Leiva en Île-de-France ou Marie Cibot en Bretagne, s’éloignent du modèle classique de la clinique pour se consacrer exclusivement à la fin de vie animale.
« Les euthanasies en clinique me laissaient un goût amer », confie Yessenia Alves Leiva. L’environnement y est froid, impersonnel, souvent stressant pour l’animal. « Il manquait un cadre, un accompagnement, un respect de ce moment fort. »
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L’euthanasie à domicile, un départ sans stress
L’euthanasie à domicile permet à l’animal de partir dans son environnement familier, entouré de ses repères et de ses proches.
C’est l’option qu’a choisie Margaux pour Gappe, son dogue argentin de 13 ans atteint d’un cancer.
Grâce au suivi attentif de la vétérinaire, le chien a pu bénéficier de soins palliatifs pendant deux ans. « La différence a été énorme. On a gagné en qualité de vie et en sérénité.
Un suivi sur mesure pour l’animal… et ses humains
L’accompagnement débute souvent par une évaluation de la qualité de vie : appétit, mobilité, interactions sociales, volonté de vivre. Ces indicateurs permettent aux vétérinaires d’ajuster les soins et d’accompagner les décisions, sans précipitation.
« Ce n’est pas de l’acharnement, mais de l’attention », précise Marie Cibot.
Des adaptations du quotidien sont parfois proposées : alimentation modifiée, gestion de la douleur, tapis antidérapants pour préserver la mobilité…
Préparer la mort pour mieux faire son deuil
Anticiper permet de réduire la culpabilité et d’entamer un deuil plus apaisé. Margaux raconte : « Grâce à l’accompagnement, Gappe est parti sans peur, dans son panier, après avoir mangé sa côte de bœuf. »
La vétérinaire l’a guidée à chaque étape, y compris dans les jours qui ont suivi la perte.
Une douleur invisible, un deuil souvent minimisé
Malgré la tristesse immense que provoque la perte d’un compagnon à quatre pattes, l’entourage est parfois peu réceptif.
« Ce n’est qu’un chien », entend Margaux. « On n’a pas le droit d’être triste plus de deux jours. » Pourtant, pour beaucoup, ce deuil est comparable à celui d’un membre de la famille.
Un engagement vétérinaire pour une fin de vie digne
Ces nouvelles pratiques rappellent une chose essentielle : jusqu’au bout, l’animal a besoin de présence, de confort, et d’amour.
Loin d’être un abandon, l’euthanasie pratiquée dans ces conditions devient un acte d’amour, pensé, accompagné et respecté.
Marie Cibot insiste : « Ce n’est pas une fin expédiée. C’est une transition douce, choisie, qui respecte la vie… jusqu’au dernier souffle. »
Conclusion
Redonner sa place à la fin de vie dans le parcours de soin animalier, c’est reconnaître la valeur de ce lien unique entre l’humain et son compagnon. Mourir dans la dignité, entouré, écouté : un droit que les chiens et chats méritent autant que nous.
Et vous, avez-vous accompagné votre animal en fin de vie ? Comment avez-vous vécu ce moment ? Partagez vos témoignages dans les commentaires.
